Page:Chaudon, Dictionnaire historique, 1766 tome 1-A-DYN.djvu/15

Cette page n’a pas encore été corrigée

viij

PREFACE.

l’on trouvera à la fin du Dictionnaire. Ecarter les articles superflus, voilà le premier devoir d’un Historien Léxicographe , presenter les articles nécessaires sous un jour vrai & agréable ; voilà le second. Rien ne sert plus à remplir ce dernier objet que les Anecdotes & les Anecdotes bien choisies. Si l’Histoire est le tableau des belles & des mauvaises actions des hommes, il faut nécessairement des particu larités pour les faire connoître ; elles amusent le Lecteur curieux, elles instruisent les Philosophes, elles embellissent l’ouvrage. Dans cette moisson abondante, que nous offrent des Livres dans tous les enres, nous glanerons ce qui servira à notre but. Nous exclurons

  1. minuties historiques, les petits riens , dont les petits esprits or

nent leurs porte-feuilles ; mais nous ne laisserons échapper aucun détail intéressant, sur-tout lorsqu’il peindra la caractère, l’esprit & le cœur des hommes célébres.

Nous n’oubliérons pas, par exemple, à l’article de Probus , que les Ambassadeurs de Varanane II Roi de Perse, le rencontrerent sur de hautes Montagnes au milieu de ses soldats, mangeant des pois cuits depuis long-tems & du cochon salé. Ces circonstances minu tieuses au jugement des gens frivoles, paroîtront très-intéressantes aux hommes judicieux. Qui ne sent en effet, qu’en rapportant ce trait, nous donnons une leçon de morale aux Lecteurs ? Ils voient avec une admiration mêlée d’étonnement un Empereur Romain , c’est-à-dire , le Maître de l’Univers connu, souffrir les injures de 1’air , la faim , la soif ; tandis que le moindre de nos Capitaines veut traîner dans les Armées le luxe de nos grandes Villes. Quoique notre but ne soit point d’entasser simplement des chiffres chronologiques, nous ne négligerons pourtant pas les dates. Nous n’en mettrons aucune qu’après nous être assurez de sa justesse, par un travail aussi ingrat que pénible. Peu de gens savent quels soins il faut se donner, combien de parchemins il faut devorer, pour parvenir à cette exactitude si nécessaire, &presque toujours si négligée. Après avoir fixé l’année de la naissance, de la mort, du couron nement des Princes, après avoir rapporté leurs actions principales ; on dira en deux mots , ce que la postérité en a pensé. On suivra dans les articles des p§ & des Savans , la même marche que dans ceux des Guerriers & des Souverains. Les vertus douces & tranquilles des Sages qui ont poli le monde , méritent autant d’attention de notre part, que les actions héroïques & funestes des Conquérans qui l’ont bouleversé. Les années où ils ont vû le jour, & où ils l’ont perdu , seront suivies d’un court détail de leurs vertus, ou de leurs vices , de leurs talens, ou de leurs imperfections , avec l1Il précis des jugemens qu’on en aura portés. Qu’on ne s’attende pas à des plaidoyers pour, ou contre ; nous ne serons que témoins, & le public sera le juge. Nous avons crû devoir nous interdire un plaisir , que des Auteurs moins délicats, & plus intéressés que nous se sont permis ; celui de la satyre. Notre Ouvrage ne sera pas assez