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troupeaux : Caïn son frère, jaloux de ce que ses offrandes n’étaient pas si agréables au ciel, le tua l’an 3874 avant J. C. Gessner a fait un poème allemand sur la mort de ce patriarche, traduit en français en 1759, et applaudi par tous ceux qui aiment la bonne poésie. Legouvé a donné sur le même sujet une tragédie en 5 actes. Plusieurs pères de l’Église ont cru qu’Abel était mort, sans avoir été marié, et c’est sans doute cette opinion qui a donné lieu à une secte d’hérétiques qui se forma dans le 4e siècle, aux environs d’Hippone en Afrique, sous le nom d’Abéliens, Abélites et Abélonites. Ils pensaient que l’homme doit absolument se marier, et n’avoir néanmoins aucun commerce avec sa femme. Comme ils prétendaient qu’Abel avait vécu de même, ils tirèrent leur nom de ce patriarche.

ABEL, roi de Danemarck, était fils de Waldemar II, qui laissa le trône à Eric, son fils aîné, couronné en 1241. Il eut en partage le duché de Sleswick ou le Jutland méridional. La division se mit bientôt entre les deux frères. Abel fit la guerre à Eric, et, après des succès balancés par des défaites, ils conclurent la paix en 1248. Cette réconciliation n’était qu’apparente. Abel le fit assassiner, et s’empara de son trône en 1250. À son passage par le Jutland, il l’invite à un repas ; après le festin, les deux frères se mettent à jouer aux échecs. Tout à coup Abel dit au roi : « Te souvient-il quand tu livrais au pillage la ville de Sleswick, tu forças ma fille à se sauver nu-pieds au milieu des filles du peuple ? » Eric lui répondit : Soyez content, mon frère, j’ai de quoi lui payer ses souliers. — Non, répliqua Abel, tu ne seras plus dans

le cas de le faire. » À ces mots, il le fait charger de chaînes, et le livre à un danois, nommé Gudmundson, autrefois exilé, qui le décapita, et qui jeta son corps dans la rivière de Sley. Un impôt considérable, établi sous prétexte de payer les dettes de l’état, occasionnées par les guerres précédentes, excita une révolte parmi les Frisons. Abel voulut les réduire en 1252, à la tête d’une armée ; mais il fut vaincu et mis mort par les rebelles : fin digne d’un fratricide ! Ce prince, aussi fourbe que cruel, avait l’art de cacher la férocité naturelle de son caractère, sous les dehors de la bonté et de l’amitié. Son frère Christophe Ier lui succéda.

ABEL (Gaspard), prédicateur et savant antiquaire, né à Hindenburg en 1676, mort à Westdorf en 1763. Il a écrit : I. Antiquités allemandes, saxonnes, hébraïques et grecques. II. Historia monarchiarum orbis antiqui, Leipsick, 1715, in-8o. Il a traduit en vers allemands, les Héroïdes d’Ovide et les Satires de Boileau.

ABEL (Frédéric-Godefroi), médecin très-savant, naquit à Halberstadt le 8 juillet 1714, et fut constamment heureux dans ses traitemens. En étudiant la médecine à Hall, il ne négligea point les belles-lettres. Il exerça son art à Halberstadt pendant cinquante ans. Ce qu’il y a de remarquable, c’est que, n’ajoutant aucune foi à l’efficacité de la médecine, parce qu’il était convaincu, par la dissection d’un grand nombre de cadavres, que l’organisation humaine variait constamment, d’individu à individu, il ne laissa pas de l’exercer avec zèle. La probité, la modestie et l’humanité formaient les traits principaux de