Page:Chaudon, Delandine, Goigoux - Dictionnaire historique, tome 1.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

texte de venger la mort du sultan Osman, et fit passer au fil de l’épée un grand nombre de janissaires. Il se fit connaître vers l’an de l’hégire 1033 (1623 de J. C.). Le muphti et le général des janissaires profitèrent de cette rebellion pour déposer Mustapha, et pour placer Amurat IV, sur le trône. Le sultan, peu de temps après, s’accommoda avec Abaza. Il l’envoya, en 1634, à la tête d’une armée de 60,000 hommes contre les Polonais, qui, pressés par les Russes, firent la paix avec ceux-ci, et se préparèrent à une vigoureuse défense contre les Turcs, occupés alors contre les Persans. Le sultan, voulant tourner toutes ses armes contre la Perse, sacrifia Abaza aux intérêts de l’état, et le fit étrangler, comme s’il était entré en Pologne sans son ordre. Par cette exécution, la paix fut rétablie entre les Polonais et la Porte. Abaza avait des qualités brillantes, mais dangereuses.

ABBACO (Paul de l’), Florentin, géomètre et astronome du 14e siècle, est auteur de poésies insérées dans quelques recueils. Il mourut quelque temps avant Boccace, dont la mort eut lieu en 1375. C’est surtout comme arithméticien et géomètre qu’il se rendit célèbre. Son portrait est dans l’une des voûtes de la galerie de Médicis à Florence.

ABBADIE (Jacques), célèbre ministre calviniste naquit à Nay, en Béarn, l’an 1659. Après avoir étudié à Puy-Laurent et à Sédan, voyagé en Hollande et en Allemagne, il exerça les fonctions de son ministère, d’abord en France, puis à Berlin, et ensuite à Londres ; de là il passa en Irlande, où il fut fait doyen de Killalow. Il mourut le

25 septembre 1727, à Marybone, près de Londres. Quoiqu’il ne fût âgé que de soixante-neuf ans, on prétend que le travail avait sensiblement affaibli son esprit. La pureté de ses mœurs, la droiture de son caractère, et l’éloquence de ses sermons, lui avaient fait beaucoup d’amis dans cette ville parmi les grands et les gens de lettres. Il était versé dans les langues, dans l’Écriture et dans les Pères. Il a rendu de grands services à la religion par quelques-uns de ses ouvrages, qui sont, I. Traité de la vérité de la Religion chrétienne, La Haye, 1743, 4 vol. in-12, traduit en différentes langues, écrit avec force dans le raisonnement, et énergie dans le style ; il eut le suffrage des catholiques et des calvinistes. II. De la Divinité de Jésus-Christ, in-12. III. L’art de se connaître soi-même, Lyon, 1693, in-12, qui fut combattu par Lamy, et défendu par le père Malebranche. IV. Vérité de la Religion chrétienne réformée, en 2 vol. in-8°, publiés à Rotterdam en 1718. Cet ouvrage, loué par les protestans, ne fut pas aux yeux des catholiques une apologie suffisante.

VTriomphe de la Providence et de la Religion dans l’ouverture des sept sceaux par le Fils de Dieu, Amsterd., 1725, 4 vol. in-12. Les gens sensés de toutes les communions virent avec peine cette production. Abbadie y veut prouver que l’Apocalypse bien entendu est une démonstration invincible de la vérité de la religion chrétienne. Son imagination égarée y trouve l’histoire suivie de l’Empire et de l’Église, depuis Saint Jean jusqu’à la fin du monde. Voltaire prétend « que cette production fit tort à son Traité de la Religion