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110 voyait-on la magnanimité de la foi,
et aussi la clarté parfaite de sapience,
et œuvres diverses, brillantes d’excellence.

Et de même que les philosophes écrivent
que le ciel est rapide et rond et ardent[1],
de même était cette belle Cécile la blanche
très rapide et active toujours en bonnes œuvres,
et ronde et parfaite en bonne persévérance,
et ardente toujours en charité très brillante ;
or vous ai déclaré quel était son nom.


Explicit.


Ci commence le conte de la Seconde Nonne, sur la vie de sainte Cécile.


120 Cette vierge brillante Cécile, dit sa vie,
était issue des Romains, et de noble race,
et dès le berceau élevée dans la foi
du Christ, et portait son évangile en l’esprit ;
jamais elle ne cessait, comme en écrit je trouve,
sa prière, et d’aimer et craindre Dieu,
l’implorant de garder sa virginité.

Et lorsque cette vierge dut un homme
épouser, lequel était fort jeune d’âge,
et avait nom Valérien,
130 et que le jour fut venu de son mariage,
elle, moult dévote et humble en son cœur,
sous sa robe d’or qui seyait moult bellement,
s’était contre la chair revêtue d’une haire.

Et tandis que les orgues faisaient mélodie,
à Dieu seul en son cœur ainsi chantait-elle :
« Ô Seigneur, garde mon âme et mon corps aussi
sans tache, de peur que je sois perdue »,
et pour l’amour de Celui qui est mort sur la croix,
tous les deux ou trois jours elle jeûnait,
140 toujours priant en ses oraisons très ardemment.

  1. Ardent. Allusion à l’empyrée ou dixième sphère céleste qui contenait l’élément pur du feu.