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La femme du sénateur était la tante de Constance,
mais ce nonobstant ne l’en reconnut pas davantage.
Je ne veux pas m’attarder plus longuement à cette aventure,
mais c’est au roi Alla, dont auparavant je parlais,
et qui pleure et soupire fort pour sa femme,
que je veux revenir, laissant Constance
sous la garde du sénateur.

Le roi Alla, qui avait tué sa mère,
un jour tomba en tel repentir
990que, pour le dire court et clair,
il vint à Rome recevoir sa peine
et se soumit aux ordres du pape
de point en point, et pria Jésus Christ
de lui pardonner le mal qu’il avait commis.

La rumeur aussitôt se répandit dans la ville de Rome
que le roi Alla venait en pèlerinage,
par les avant-coureurs qui le précédaient,
ce pourquoi le sénateur, suivant la coutume,
chevaucha à sa rencontre avec plusieurs hommes de sa lignée,
1000tant pour déployer sa haute magnificence
que pour rendre hommage à un roi.

Ce noble sénateur fit grande chère
au roi Alla qui le lui rendit.
Chacun d’eux fit à l’autre grand honneur
et ainsi il advint qu’à un ou deux jours de là
le sénateur se rendit chez le roi Alla
à un festin, et bref, si je ne dois mentir,
le fils de Constance y alla en sa compagnie.

D’aucuns voudraient dire que ce fut à la requête de Constance
chevaucha à sa rencontre avec plusieurs hommes de sa lignée,
1010que le sénateur mena cet enfant au festin.
Je ne puis raconter tous les détails ;
quoi qu’il en soit, du moins, il s’y trouvait.
Mais ceci est vrai, c’est que sur l’ordre de sa mère,
devant Alla, pendant la durée du repas,
l’enfant se tint debout regardant le roi en face.

Le roi Alla s’émerveilla grandement de cet enfant,
et dit aussitôt au sénateur :