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Mais ceux dont l’unique science
Est de n’en avoir pas, est ce qu’on nomme Rien,
Prospèrent comme gens de bien.
Elle court après Rien notre noble Jeunesse,
Et happe ce savoir avec grand’hardiesse,
Pour briller à la cour, pour briller au sénat,
Dans l’armée, au conseil, dans l’église et l’état.

Cet immortel Newton dont l’admirable vué
S’étendit par delà la nue,
Qui des astres s’en fut ouvrir les cadenas,
Et qui posa son front sur le ciel comme Atlas,
Lui qui s’en fut soulever les doux voiles
Et de la lune et des étoiles,
Vers l’inconnu qui dirigea son vol
Des secrets du Très Haut pour opérer le vol,
Et qui, parcourant chaque sphère,
Y fut chercher l’immortelle lumière
Pour en doter la terre,
Ce qu’il sut, certe il le sut bien ;
Mais de Newton, lumineux météore,
Ici, je suis historien,
Qui surpasse le vaste savoir ?… Rien !
Et qui lui demeura caché ?… Mais Rien encore !…
Si ce n’est vérité, veux être une pécore !…

Lorsque dans leur profond creuset,
Cherchant la cause par l’effet,
travaillent les grands Alchimistes,
Voulant multiplier ces sublimes artistes !
Et que du soir jusqu’au matin
Fatiguant, harcelant l’airain
Enveloppés d’espoir et de fumée,
Par avance escompant l’or et la renommée,
Gonflés d’attente, et fondant bien en vain
Au milieu de jaunes chimères
Dans le creuset et leur temps et leurs terres,