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La Mort et le Guerrier.


« Sur un front noble et fier porte ton blanc panache,
C’est ça, Guerrier, vite, arme-toi,
Je suis Seigneur,—mais de la Tombe, Moi,
Et ne crains ton épée, encor moins ta rondache !

« Dis adieu, jeune Chef à l’objet de ta flamme,
Dis-lui de calmer son émoi,
Tu viens, vois-tu, demeurer avec moi,
Son chagrin passera comme un rêve de l’âme.

« Ta nef peut s’élancer sur la mer écumante,
À travers champ ton palefroi,
Ils vont tous deux, fidèles à ma loi
Te porter vers un lieu de sommeil, et d’attente ! »…

« Cette voix que j’entends, est-ce ta voix, ô Mort !
Et mon heure est-elle si proche ?
Du champ d’honneur, alors mon cœur s’approche,
Puis à ce cri : 'Victoire !' il s’éteint sans effort.

« Et quand je tomberai les notes du clairon
Sonneront fanfares guerrières,
Et sur ma tombe on verra les bannières
Doucement s’incliner,—majestueux fleuron.

« Bien des cœurs valeureux envieront si beau sort,
Et quand le barde de ma tombe
Dira le lieu,—les yeux de ma colombe
Verseront des pleurs ;—va, je ne te crains pas, Mort ! »

« Tu portes, ô Guerrier le cœur hautain d’un brave…
Je vais abattre ton orgueil !—
Peux-tu savoir quand j'ouvrirai ton deuil
Si tu seras alors héros ou bien esclave ?