Page:Chatelain - Beautés de la poésie anglaise, tome 1, 1860.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et les beaux anges du bon Dieu
Célèbrent notre hymen par de là le ciel bleu ! »

Pantelant il tomba sur son cou diaphane,
Puis sur sa lèvre il mit baiser de feu ;
De ses bras enchanteurs ainsi qu’une liane
Elle l’enveloppa comme pour un adieu,
Mais froids étaient les bras de la belle Sultane.
Lui, sous l’émoi d’un tel bonheur
Éperdu s’affaissa, puis se fondit son cœur.

Lorsque le lendemain pour éclairer la terre
Vint le soleil,—près la vierge-démon
Raide le disséqueur, cet amant téméraire
Gisait silencieux,—n’était plus que limon,
Et la mort sur son front égrenait son rosaire.
Depuis ce temps le disséqueur
Près de son épousée est, et dort cœur à cœur.



Les Petites Choses.


Un voyageur par un chemin poudreux
Sur la route épandit un jour des glands de chêne,
L’un d’eux prit germe, et poussa plantureux,
Et devint un bel arbre, ornement de la plaine.
L’amour, le soir sous son contour heureux,
Vint à la dérobée y gazouiller ses vœux ;
Vers le midi sous son puissant ombrage,
La vieillesse se plut abriter son grand âge,
Le loir aimait y creuser son manoir,
Dans l’été les oiseaux y trouvaient leur dortoir,
De son quartier c’était la gloire,
Et chacun bénissait son ombre invitatoire.

Un frais ruisseau, gentil et gai causeur,
Un jour s’était perdu sous l’herbe et la fougère,