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Et maintenant ce pauvre lierre
Modèle des amants et des cœurs incompris,
Gît sous ce lourd fatras de débris, de poussière !…
Puisse-je aussi mourir quand mourront mes amis !…



Le Serment d’un Mariage.


Ne le fais pas légèrement !—c’est chose sainte ;
C’est un lien qui dure à travers de longs jours,
Soit que flotte la joie à ton foyer toujours,
Ou soit que du malheur tu ressentes l’étreinte,
La haut l’inscrit pour toi l’ardente charité,
Compte en sera tenu durant l’éternité,

Ne le fais pas légèrement !—c’est chose sainte ;
Bien que jeunes, joyeux viennent autour de toi
Et rire et plaisanter, garde la bien la foi
De ce jour solennel sans y porter atteinte ;
Et que vive et sacrée elle trouve en ton cœur
Un tabernacle saint, un abri protecteur.

Ce n’est pas tout soleil que l’humaine existence,
Le jour le plus brillant a la plus sombre nuit,
Et si le noir chagrin vient en votre réduit
saurez-vous tous les deux supporter sa présence,
saurez-vous vous aimer comme en ces premiers temps
Où pour vous l’avenir n’était rien que printemps ?

Ces yeux vifs aujourd’hui, demain les voilà ternes,
Ce teint de rose peut perdre tout son éclat,
La pâleur remplacer le plus bel incarnat,
La douleur y creuser des stigmates externes :
Alors ce front changé, naguère votre orgueil
L’aimerez-vous encor maintenant dans son deuil ?