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Le soupir de la flute ou la voix de la brise,
Ou de la goutte d’eau caressant le cytise.
Venez lutins, venez ! la vie est courte, car
Un seul coup de soleil, c’est fait du nénuphar !



La Cité Invisible.


Il est une Cité, Babylone invisible,
Où dans des trous étroits, dans un coin impossible,
Grouillent souventefois des êtres dits humains ;
Exilés du soleil, exilés des étoiles,
De la lune bénie, ayant toujours des voiles
Pour leur cacher l’éclat des jours les plus sereins.

Ce ne sont des bandits qui vivent formidables
Dans ces autres sans nom, ces tandis misérables
Où l’araignée en haut aime à tisser son fil,
Où les rats, les souris sous le lit font patrouille,
Où croasse, je crois, quelquefois la grenouille,
Tant sale est le cloaque, humide est le chenil.

Des vivants de ces lieux quels sont-ils les visages ?
De la folie ont-ils les traits demi-sauvages ?
Ressemblent-ils enfin aux gens sans feu ni lieu,
Qui, paresseux toujours, se vautrent dans l’immonde ?
Ou sont-ils les débris de je ne sais quel monde,
Rejetés à l’écart de par la main de Dieu ?

Quelles sont-elles donc ces viles créatures ?…
Ce sont les bras, les mains de nos manufactures !
L’église, le manoir sont clos pour l’ouvrier !…

Sa Cité… c’est la tombe… En dernier lieu la parque
Loin des riches qu’il fit, honteusement le paeque…
De ce peuple le nom quel est-il donc ?… Millier !