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— “ Comment ! il a quitté ses fleurs, son bel oiseau,
             Et son gentil parterre ?
Et quand je lui dirai viens jouer au cerceau,
          Il ne reviendra pas, mon frère ?

“ Et nous n’irons donc plus, heureux autant qu’un Roi,
             Jouer dans le bocage ;
Oh ! tandis que mon frère était là… près de moi,
          Que ne l’ai-je aimé davantage ? ”


HERBERT (GEORGE).
Né le 3 Avril 1593—Mort vers 1635.

AVARICE.


Toi, fléau du bonheur ! toi, source du malheur !
Argent ! D’où viens-tu, dis, avec si fraîche mine ?
Orgueilleux parvenu, qui fais le grand seigneur !
L’homme t’a trouvé sale au fin fond d’une mine.

Tu fus d’abord si peu, malgré ton air flambant,
Pour ce royaume que maintenant tu gouvernes,
Que me souviens encor du jour où, pauvre argent,
Il te sortit chétif de tes sombres cavernes.
Et puis bien malgré toi, te façonnant au feu,
Il t’a rendu luisant et dur sur son enclume, —
Fort comme un homme enfin,—il fait de toi son Dieu :
Car vrai, l’homme c’est toi—lui n’est que ton écume !

Lui qui t’a rendu riche, il t’ôte son chapeau,
Et quand il te déterre, il creuse son tombeau !