Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t1.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LIVRE IV[1]


Berlin. — Potsdam. — Frédéric. — Mon frère. — Mon cousin Moreau. — Ma sœur, la comtesse de Farcy. — Julie mondaine. — Dîner. — Pommereul. — Mme  de Chastenay. — Cambrai. — Le régiment de Navarre. — La Martinière. — Mort de mon père. — Regrets. — Mon père m’eut-il apprécié ? — Retour en Bretagne. — Séjour chez ma sœur aînée. — Mon frère m’appelle à Paris. — Ma vie solitaire à Paris. — Présentation à Versailles. — Chasse avec le roi.

Il y a loin de Combourg à Berlin, d’un jeune rêveur à un vieux ministre. Je retrouve dans ce qui précède ces paroles : « Dans combien de lieux ai-je commencé à écrire ces Mémoires, et dans quel lieu les finirai-je ? »

Près de quatre ans ont passé entre la date des faits que je viens de raconter et celle où je reprends ces Mémoires. Mille choses sont survenues ; un second homme s’est trouvé en moi, l’homme politique : j’y suis fort peu attaché. J’ai défendu les libertés de la France, qui seules peuvent faire durer le trône légitime. Avec le Conservateur[2] j’ai mis M. de Villèle au pouvoir ; j’ai vu mourir le duc de Berry et j’ai honoré

  1. Ce livre a été écrit à Berlin (mars et avril 1821). Il a été revu en juillet 1846.
  2. Le Conservateur avait été fondé par Chateaubriand au mois d’octobre 1818. Il avait pour devise : Le Roi, la Charte et les Honnêtes Gens. Ses principaux rédacteurs étaient, avec Chateaubriand, qui n’a peut-être rien écrit de plus parfait que cer-