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Nous répondons que les ruines de l’Ohio ne sont point d’architecture égyptienne ; que les ossements qu’on trouve dans ces ruines ne sont point embaumés ; que les squelettes y sont couchés et non debout ou assis. Ensuite, par quel incompréhensible hasard ne rencontre-t-on aucun de ces anciens ouvrages, depuis le rivage de la mer jusqu’aux Alleghanys ? et pourquoi sont-ils tous cachés derrière cette chaîne de montagnes ? De quelque peuple que vous supposiez la colonie établie en Amérique, avant d’avoir pénétré, dans un espace de plus de quatre cents lieues, jusqu’aux fleuves où se voient ces monuments, il faut que cette colonie ait d’abord habité la plaine qui s’étend de la base des monts aux grèves de l’Atlantique. Toutefois on pourroit dire avec quelque vraisemblance que l’ancien rivage de l’Océan étoit au pied même des Apalaches et des Alleghanys, et que la Pensylvanie, le Maryland, la Virginie, la Caroline, la Géorgie et les Florides, sont des plages nouvellement abandonnées par les eaux.


NOTE IX, page 80.


Fréret a fait la même chose pour les Chinois, et M. Bailly a réduit pareillement la chronologie de ces derniers, ainsi que celle des Égyptiens et des Chaldéens, au calcul des Septante. Ces auteurs ne peuvent être soupçonnés de partialité en faveur de notre opinion (Vid Bailly, t. I.)


NOTE X, page 83.


Buffon, qui voulut accorder son système avec la Genèse, avoit reculé l’origine du monde, considérant chacun des six jours de Moïse comme un long écoulement de siècles ; mais il faut convenir que ces raisonnements ne donnent pas un grand poids à ses conjectures. Il est inutile de revenir sur ce système, que les premières notions de physique et de chimie ruinent de fond en comble, et sur la formation de la Terre détachée de la masse du Soleil par le choc oblique d’une comète et soumise tout à coup aux lois de gravitation des corps célestes ; le refroidissement graduel de la Terre, qui suppose dans le globe la même homogénéité que dans le boulet de canon qui avoit servi à l’expérience ; la formation des montagnes du premier ordre, qui suppose encore la transmutation de la terre argileuse en terre siliceuse, etc.

On pourroit grossir cette liste de systèmes qui, après tout, ne sont que des systèmes. Ils se sont détruits entre eux, et pour un esprit droit ils n’ont jamais rien prouvé contre l’Écriture. (Voyez l’admirable Commentaire de la Genèse par M. de Luc et les Lettres du savant Euler.)