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interprètes, il montrait, en parlant ainsi, un hameau florissant sur une colline, et au bas de cette colline des cabanes détruites par une inondation[1]. Quand il demande de l’eau à la femme de Samarie, il lui peint sa doctrine sous la belle image d’une source d’eau vive.

Les plus violents ennemis de Jésus-Christ n’ont jamais osé attaquer sa personne. Celse, Julien, Volusien[2], avouent ses miracles, et Porphyre raconte que les oracles mêmes des païens l’appelaient un homme illustre par sa piété[3]. Tibère avait voulu le mettre au rang des dieux[4] ; selon Lampridius, Adrien lui avait élevé des temples, et Alexandre Sévère le révérait avec les images des âmes saintes, entre Orphée et Abraham[5]. Pline a rendu un illustre témoignage à l’innocence de ces premiers chrétiens qui suivaient de près les exemples du Rédempteur. Il n’y a point de philosophie de l’antiquité à qui l’on n’ait reproché quelques vices : les patriarches mêmes ont eu des faiblesses ; le Christ seul est sans tache : c’est la plus brillante copie de cette beauté souveraine qui réside sur le trône des cieux. Pur et sacré comme le tabernacle du Seigneur, ne respirant que l’amour de Dieu et des hommes, infiniment supérieur à la vaine gloire du monde, il poursuivait, à travers les douleurs, la grande affaire de notre salut, forçant les hommes, par l’ascendant de ses vertus, à embrasser sa doctrine et à imiter une vie qu’ils étaient contraints d’admirer.

Son caractère était aimable, ouvert et tendre, sa charité sans bornes. L’Apôtre nous en donne une idée en deux mots : Il allait faisant le bien. Sa résignation à la volonté de Dieu éclate dans tous les moments de sa vie ; il aimait, il connaissait l’amitié : l’homme qu’il tira du tombeau, Lazare, était son ami ; ce fut pour le plus grand sentiment de la vie qu’il fit son plus grand miracle. L’amour de la patrie trouva chez lui un modèle : " Jérusalem ! Jérusalem ! s’écriait-il, en pensant au jugement qui menaçait cette cité coupable, j’ai voulu rassembler tes enfants, comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes ; mais tu ne l’as pas voulu ! " Du haut d’une colline, jetant les yeux sur cette ville condamnée, pour ses crimes, à une horrible destruction, il ne put retenir ses larmes : " Il vit la cité, dit l’Apôtre, et il pleura ! Sa tolérance ne fut pas moins remarquable quand ses disciples le prièrent de faire descendre le feu sur un village de Samaritains qui

  1. Fortin., on the truth of the Christ. Relig., p. 218. (N.d.A.)
  2. Orig., cont. Cels., I. II ; Jul., ap. Cyril., liv. VI ; Aug., ep. III, IV, t. II. (N.d.A.)
  3. Euseb., Dem. III, ev. 3. (N.d.A.)
  4. Tert., Apologet. (N.d.A.)
  5. Lamp., in Alex. Sev., cap. IV et XXXI. (N.d.A.)