" Le jour qu’ils ont rendu l’esprit, ils retournent à leur terre originelle, et toutes leurs vaines pensées périssent[1]. "
Delicta juventutis meae, etc.
" O mon Dieu ! ne vous souvenez ni des fautes de ma jeunesse ni de mes ignorances[2] ! "
Les plaintes du roi-prophète sont entrecoupées par les soupirs du saint Arabe.
" O Dieu ! cessez de m’affliger, puisque mes jours ne sont que néant ! Qu’est-ce que l’homme pour mériter tant d’égards et pour que vous y attachiez votre cœur ?…
" Lorsque vous me chercherez le matin, vous ne me trouverez plus[3].
" La vie m’est ennuyeuse ; je m’abandonne aux plaintes et aux regrets… Seigneur, vos jours sont-ils comme les jours des mortels, et vos années éternelles comme les années passagères de l’homme[4] ?
" Pourquoi, Seigneur, détournez-vous votre visage et me traitez-vous comme votre ennemi ? Devez-vous employer toute votre puissance contre une feuille que le vent emporte, et poursuivre une feuille séchée[5] ?
" L’homme né de la femme vit peu de temps, et il est rempli de beaucoup de misère ; il fuit comme une ombre qui ne demeure jamais dans un même état.
" Mes années coulent avec rapidité, et je marche par une voie par laquelle je ne reviendrai jamais[6].
" Mes jours sont passés, toutes mes pensées sont évanouies, toutes les espérances de mon cœur dissipées… Je dis au sépulcre : Vous serez mon père ; et aux vers : Vous serez ma mère et mes sœurs. "
De temps en temps le dialogue du prêtre et du chœur interrompt la suite des cantiques.
Le Prêtre. " Mes jours se sont évanouis comme la fumée ; mes os sont tombés en poudre. "
Le Chœur. " Mes jours ont décliné comme l’ombre. "
Le Prêtre. " Qu’est-ce que la vie ? Une petite vapeur. "
Le Chœur. " Mes jours ont décliné comme l’ombre. "
Le Prêtre. " Les morts sont endormis dans la poudre. "
Le Chœur. " Ils se réveilleront, les uns dans l’éternelle gloire, les autres dans l’opprobre, pour y demeurer à jamais. "