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recueil de Gruter si l’on voulait entasser toutes les pierres antiques et accumuler toutes les inscriptions grecques où se trouve cette ellipse si commune, dont plusieurs antiquaires ont parlé, et cette construction avec l’accusatif sans verbe. C’est ainsi que les Latins omettent souvent le verbe posvit.

Il ne reste plus qu’à tâcher de déterminer la date précise de cette inscription. Elle ne paraît pas pouvoir être antérieure à l’année 296 ou 297, époque de la défaite et de la mort d’Achillée, qui s’était emparé de l’Égypte et s’y soutint pendant environ six ans. Je serais tenté de croire qu’elle est de l’an 302, et a rapport à la distribution abondante de pain que l’empereur Dioclétien fit faire à une foule innombrable d’indigents de la ville d’Alexandrie, dont il est appelé pour cette raison le génie tutélaire, le conservateur, le protecteur, polioucox. Ces immenses largesses continuèrent jusqu’au règne de Justinien, qui les abolit. Voyez le Chronicon Paschale, à l’an 302, p. 276 de l’édition de Du Cange, et l’ Histoire secrète de Procope, ch. XXVI, p. 77, édition du Louvre.

Je crois maintenant avoir éclairci toutes les difficultés de cette inscription fameuse. Voici la manière dont je l’écrirais en caractères grecs ordinaires cursifs ; j’y joins ma version latine et ma traduction française :

Ton osiwtaton autocratora,
Ton polioucon Alezandreiax,
Dioclhtianon ton sebaston
Poblioi…eparcox Aiguptou.

Sanctissimo imperatori,
Patrono conservatori Alexandriae,
Diocletiano Augusto,
Publius… praefectus Aegypto.

C’est-à-dire : Publius… (ou Pomponius), préfet d’Égypte, a consacré ce monument à la gloire du très saint empereur Dioclétien Auguste, le génie tutélaire d’Alexandrie.

Ce 23 juin 1803.


FIN DES NOTES