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occis ton ennemi qui t’eust fait mourir s’il eust vécu ? " Et à ceste demande ne lui répondit oncques un seul mot le bon roi saint Louis. "



Le tableau du royaume de Jérusalem tracé par l’abbé Guénée mérite d’être rapporté. Il y aurait de la témérité à vouloir refaire un ouvrage qui ne pèche que par des omissions volontaires. Sans doute l’auteur, ne pouvant pas tout dire, s’est contenté des principaux traits.

" Ce royaume s’étendait, dit-il, du couchant au levant, depuis la mer Méditerranée jusqu’au désert de l’Arabie, et du midi au nord, depuis le fort de Darum au delà du torrent d’Égypte jusqu’à la rivière qui coule entre Bérith et Biblos. Ainsi, il comprenait d’abord les trois Palestines, qui avaient pour capitales : la première, Jérusalem ; la deuxième, Césarée maritime ; et la troisième, Bethsan, puis Nazareth : il comprenait en outre tout le pays des Philistins, toute la Phénicie, avec la deuxième et la troisième Arabie, et quelques parties de la première.

" Cet État, disent les Assises de Jérusalem, avait deux chefs seigneurs, l’un spirituel et l’autre temporel : le patriarche était le seigneur spirituel, et le roi le seigneur temporel.

" Le patriarche étendait sa juridiction sur les quatre archevêchés de Tyr, de Césarée, de Nazareth et de Krak ; il avait pour suffragants les évêques de Bethléem, de Lyde et d’Hébron ; de lui dépendaient encore les six abbés de Mont-Sion, de la Latine, du Temple, du Mont-Olivet, de Josaphat et de Saint-Samuel ; le prieur du Saint-Sépulcre, et les trois abbesses de Notre-Dame-la-Grande, de Sainte-Anne et de Saint-Ladre.

" Les archevêques avaient pour suffragants : celui de Tyr, les évêques de Bérith, de Sidon, de Panéas et de Ptolémaïs ; celui de Césarée, l’évêque de Sébaste ; celui de Nazareth, l’évêque de Tibériade et le prieur du Mont-Tabor ; celui de Krak, l’évêque du Mont-Sinaï.

" Les évêques de Saint-Georges, de Lyde et d’Acre, avaient sous leur juridiction : le premier, les deux abbés de Saint-Joseph-d’Arimathie et de Saint-Habacuc, les deux prieurs de Saint-Jean-l’Evangéliste et de Sainte-Catherine du Mont-Gisart, avec l’abbesse des Trois-Ombres ; le deuxième, la Trinité et les Repenties.

" Tous ces évêchés, abbayes, chapitres, couvents d’hommes et de femmes, paraissent avoir eu d’assez grands biens, à en juger par les troupes qu’ils étaient obliges de fournir à ! État. Trois ordres surtout, religieux et militaires tout à la fois, se distinguaient par leur opulence ; ils avaient dans le pays des terres considérables, des châteaux et des villes.

" Outre les domaines que le roi possédait en propre, comme Jérusalem, Naplouse, Acre, Tyr et leurs dépendances, on comptait dans le royaume quatre grandes baronnies ; elles comprenaient, la première, les comtés de Jafa et d’Ascalon, avec les seigneuries de Rama, de Mirabel et d’Ybelin ; la deuxième,