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sent environ au nombre de trente à ce frontispice, et autant a l’autre côte du temple, derrière le lieu où ctoit le grand autel du temps des chrétiens. « Le long du temple, il y a une allée ou galerie de chaque côlé, où l’on passe entre les murailles du temple, et dix-sept fort hautes et fort grosses colonnes cannelées qui ne sont pas d’une seule pièce, mais de diverses grosses pièces de beau marbre blanc, mises les unes sur les autres. Entre ces beaux piliers, il y a le long de cette galerie une petite muraille qui laisse entre chaque colonne un lieu qui seroit assez long et assez large pour y taire un autel et une chapelle, comme on en voit aux côtés et proche des murailles des grandes églises.

« Ces colonnes servent à soutenir en haut, avec des arcs-boutants, les murailles du temple, et empêchent par dehors qu’elles ne se démantellent par la pesanteur des voûtes. Les murailles de ce temple sont embellies en haut, par dehors, d’une belle ceinture de pierres de marbre, travaillées en perfection, sur lesquelles sont représentés quantité de triomphes ; de sorte qu’on y voit en demi-relief une infinité d’hommes, de femmes, d’enfants, de chevaux et de chariots, représentés sur ces pierres, qui sont si élevées, que les yeux ont peine à en découvrir toutes les beautés, et à remarquer toute l’industrie des architectes et des sculpteurs qui les ont faites. Une de ces grandes pierres a été portée dans la mosquée, derrière la porte, où l’on voit avec admiration quantité de personnages qui y sont représentés avec un artifice non pareil.

« Toutes les beautés de ce temple, que je viens de décrire, sont des ouvrages des anciens Grecs païens. Les xVthéniens, ayant embrassé le christianisme, changèrent ce temple de 3Iincrve en une église du vrai Dieu, et y ajoutèrent un trône épiscopal et une chaire de prédicateur, qui y restent encore, des autels qui ont été renversés par les Turcs, qui n’offrent point de sacrifices dans leurs mosquées. L’endroit du grand autel est encore plus blanc que le reste de la muraille ; les degrés pour y monter sont entiers et magnifiques. »

Cette description naïve du Parthénon, à peu près tel qu’il étoit du temps de Périclès, ne vaut-elle pas bien les descriptions, plus savantes, que l'on a faites des ruines de ce beau temple ?



« Cependant les capitaines et lieutenants du roy de Perse Darius, ayant hiis une grosse puissance ensemble, l’attendoient au passage de la rivière de Granique. Si estoit nécessaire de combattre là, comme à la barrière de l’Asie, pour en gaigner l’entrée ; mais la plupart des capitaines de son conseil crai-

  1. A l’exception des notes I, III et VIII, toutes les citations qui suivent faisoient partie du texte dans les deux premières éditions.