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ordres qui semblent les mettre à couvert de tant d’avanies ; ces ordres ne sont point exécutés : chaque année voit une oppression nouvelle et exige un nouveau firman. Le commandant prévaricateur, le prince, protecteur en apparence, sont deux tyrans qui s’entendent, l’un pour commettre une injustice avant que la loi soit faite, l’autre pour vendre à prix d’or une loi qui n’est donnée que quand le crime est commis. Le registre des firmans des Pères est un livre bien précieux, bien digne à tous égards de la bibliothèque de ces apôtres, qui au milieu des tribulations gardent avec une constance invincible le tombeau de Jésus-Christ. Les Pères ne connaissaient pas la valeur de ce catalogue évangélique ; ils ne croyaient pas qu’il pût m’intéresser ; ils n’y voyaient rien de curieux : souffrir leur est si naturel qu’ils s’étonnaient de mon étonnement. J’avoue que mon admiration pour tant de malheurs si courageusement supportés était grande et sincère ; mais combien aussi j’étais touché en retrouvant sans cesse cette formule : Copie d’un firman obtenu à la sollicitation de M. l’Ambassadeur de France, etc. ! Honneur à un pays qui du sein de l’Europe veille jusqu’au fond de l’Asie à la défense du misérable et protège le faible contre le fort ! Jamais ma patrie ne m’a paru plus belle et plus glorieuse que lorsque j’ai retrouvé les actes de sa bienfaisance cachés à Jérusalem dans le registre où sont inscrites les souffrances ignorées et les iniquités inconnues de l’opprimé et de l’oppresseur.

J’espère que mes sentiments particuliers ne m’aveugleront jamais au point de méconnaître la vérité : il y a quelque chose qui marche avant toutes les opinions ; c’est la justice. Si un philosophe faisait aujourd’hui un bon ouvrage ; s’il faisait quelque chose de mieux, une bonne action ; s’il montrait des sentiments nobles et élevés, moi chrétien, je lui applaudirais avec franchise. Et pourquoi un philosophe n’en agirait-il pas ainsi avec un chrétien ? Faut-il, parce qu’un homme porte un froc, une longue barbe, une ceinture de corde, ne lui tenir compte d’aucun sacrifice ? Quant à moi, j’irais chercher une vertu aux entrailles de la terre, chez un adorateur de Wishnou ou du grand Lama, afin d’avoir le bonheur de l’admirer : les actions généreuses sont trop rares aujourd’hui pour ne pas les honorer sous quelque habit qu’on les découvre, et pour regarder de si près à la robe du prêtre ou au manteau du philosophe.




Notes

1. Son ouvrage, Palestina ex monumentis veteribus illustrata, est un miracle d’érudition. (N.d.A.)

2. Sa description du Saint-Sépulcre va jusqu’à donner en entier les hymnes que les pèlerins chantaient à chaque station. (N.d.A.)

3. Il y a aussi une description de Jérusalem en arménien, et une autre en grec moderne : j’ai vu la dernière. Les descriptions très anciennes, comme celles de Sanut, de Ludolphe, de Brocard, de Breydenbach, de Willibaldus ou Guillebaud, d’Adamannus ou plutôt d’Arculfe et du vénérable Bède, sont curieuses, parce qu’en les lisant on peut juger des changements survenus depuis à l’église du Saint-Sépulcre, mais elles seraient inutiles quant au monument moderne. (N.d.A.)

4. De Vera, en espagnol, est très concis, et pourtant très clair. Zuallardo, en italien, est confus et vague ; Pierre de La Vallée est charmant, à cause de la grâce particulière de son style et de ses singulières aventures, mais il ne fait point autorité. (N.d.A.)

5. Quelques-uns de ces auteurs ont écrit en latin, mais on a d’anciennes versions françaises de leurs ouvrages. (N.d.A.)

6. C’était l’opinion du savant M. de Sainte-Croix. La dissertation de d’Anville porte le nom de Dissertation sur l’étendue de l’ancienne Jérusalem. (N.d.A.)

7. Je n’ai point rejeté dans les notes cette longue citation de Deshayes, parce qu’elle est trop importante et que son déplacement rendrait ensuite inintelligible ce que je dis moi-même de l’église du Saint-Sépulcre. (N.d.A.)

8. Outre ces deux tombeaux on en voit quatre autres à moitié brisés. Sur un de ces tombeaux on lit encore, mais avec beaucoup de peine, une épitaphe rapportée par Cotovic. (N.d.A.)

9. Voyez le deuxième Mémoire de l’Introduction. (N.d.A.)

10. On prétend que Marie, femme de Hakem et mère du nouveau calife, en fit les frais, et qu’elle fut aidée dans cette pieuse entreprise par Constantin Monomaque. (N.d.A.)

11. Le gouverneur de Jérusalem demeurait autrefois dans cette maison, mais on n’y loge plus que ses chevaux parmi les débris. Voyez l’Introduction, sur la vérité des traditions religieuses à Jérusalem. (N.d.A.)

12. In Joan. (N.d.A.)

13. Saint Luc. (N.d.A.)

14. Saint Luc. (N.d.A.)

15. N V 1 05

16. Sur tout cela il y a différentes opinions. La vallée du Roi pourrait bien être vers les montagnes du Jourdain, et cette position conviendrait même davantage à l’histoire d’Abraham. (N.d.A.)

17. Josèphe raconte que Salomon fit couvrir de cèdres les montagnes de la Judée. (N.d.A.)

18. N V 1 22

19. Cette loi est aussi absurde que la plupart des autres lois en Turquie : chose bizarre d’épargner le vaincu au moment de la conquête, lorsque la violence peut amener l’injustice, et d’accabler le sujet en pleine paix ! (N.d.A.)

20. N V 1 06

21. N V 1 07

22. Saint Luc. (N.d.A.)

23. N V 1 08

24. Tertull. (N.d.A.)

25. Ludolph. (N.d.A.)

26. N V 1 09

27. Tobie. (N.d.A.)

28. N’est-il pas singulier qu’un critique m’ait reproché tous ces calculs, comme s’ils étaient de moi, et comme si je faisais autre chose que de suivre ici les historiens de l’antiquité, entre autres Josèphe ? L’abbé Guénée et plusieurs savants ont prouvé au reste que ces calculs ne sont point exagérés. (N.d.A.)

29. Voir le Génie du Christianisme. (N.d.A.)

30. N V 1 10

31. Dans les quatre Mémoires dont je parlerai. (N.d.A.)

32. N V 1 11

33. Elle portait aussi le nom de Neblosa vers la fin du XIIIe siècle, comme on le voit par un passage de Brocard. (N.d.A.)

34. N V 1 12

35. En 1534. (N.d.A.)

36. M. Seetzen, qui passa à Jérusalem quelques mois avant moi, et qui a voyagé plus tard dans l’Arabie, dit, dans sa lettre à M. de Zach, que les habitants du pays ne firent que lui parler des armées françaises. ( Ann. des Voyages, par M. Malte-Brun.) - N.d.A.

37. N V 1 13

38. Aussi trouvons-nous à cette dernière époque un portique corinthien dans le temple rebâti par Hérode, des colonnes avec des inscriptions grecques et latines, des portes de cuivre de Corinthe, etc. (Joseph., de Bell. Jud., lib. VI, cap. XIV.) - N.d.A.

39. C’est ainsi que sous François Ier l’architecture grecque se mêla au style gothique et produisit des ouvrages charmants. (N.d.A.)

40. Antiq. Jud. (N.d.A.)

41. Antiq. Jud. (N.d.A.)

42. De Bell. Jud. (N.d.A.)

43. J’ai vu depuis que l’abbé Guénée l’a indiqué dans les excellents mémoires dont j’ai parlé. Il dit qu’il se propose d’examiner ce passage dans un autre mémoire : il le dit, mais il n’y revient plus : c’est bien dommage. (N.d.A.)

44. Joseph., Ant. Jud., lib. XVIII ; Strab., lib. XVIII. (N.d.A.)

45. C’est Eutychius, patriarche d’Alexandrie. Nous avons ses Annales arabes, imprimées à Oxford, avec une version latine. (N.d.A.)

46. Fons signatus. (N.d.A.)

47. N V 1 14

48. Doubdan. (N.d.A.)

49. C’est apparemment le même M. Gordon qui a fait analyser à Londres une bouteille d’eau de la mer Morte. (N.d.A.)

50. Thév., chap. XLII, p. 391. (N.d.A.)

51. Liv. II, chap. XIX, p. 250. (N.d.A.)

52. Ann. des Voyages, par M. Malte-Brun, t. II, p. 343. (N.d.A.)

53. Les comptes suivants varient un peu dans leurs sommes totales, parce que la piastre éprouve chaque jour un mouvement en Syrie, tandis que le para reste fixe : d’où il arrive que la piastre n’est pas toujours composée du même nombre de paras. (N.d.A.)

54. Aravo pour Arabo. Changement de lettres très commun dans la langue franque, dans le grec moderne et dans le grec ancien. (N.d.A.)

55. Chap. XLVII. (N.d.A.)

56. Description de la Terre Sainte. (N.d.A.)

57. Voyage du Levant. (N.d.A.)

58. On voulut une fois massacrer deux religieux à Jérusalem parce qu’un chat était tombé dans la citerne du couvent. ( Roger, p. 330.) - N.d.A.