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Cette piscine est maintenant desséchée et à demi comblée ; il y croît quelques grenadiers et une espèce de tamarin sauvage, dont la verdure est bleuâtre ; l’angle de l’ouest est tout rempli de nopals. On remarque aussi dans le côté occidental deux arcades qui donnent naissance à deux voûtes : c’était peut-être un aqueduc qui conduisait l’eau dans l’intérieur du temple.

Josèphe appelle cette piscine stagnum Salomonis, l’Evangile la nomme Probatique, parce qu’on y purifiait les brebis destinées aux sacrifices. Ce fut au bord de cette piscine que Jésus-Christ dit au paralytique :

" Levez-vous, et emportez votre lit. "

Voilà tout ce qui reste aujourd’hui de la Jérusalem de David et de Salomon.

Les monuments de la Jérusalem grecque et romaine sont plus nombreux, et forment une classe nouvelle et fort singulière dans les arts. Je commence par les tombeaux de la vallée de Josaphat et de la vallée de Siloé.

Quand on a passé le pont du torrent de Cédron, on trouve au pied du mons Offensionis le sépulcre d’Absalon. C’est une masse carrée, mesurant huit pas sur chaque face ; elle est formée d’une seule roche, laquelle roche a été taillée dans la montagne voisine, dont elle n’est séparée que de quinze pieds. L’ornement de ce sépulcre consiste en vingt-quatre colonnes d’ordre dorique sans cannelure, six sur chaque front du monument. Ces colonnes sont à demi engagées et forment partie intégrante du bloc, ayant été prises dans l’épaisseur de la masse. Sur les chapiteaux règne la frise avec le triglyphe. Au-dessus de cette frise s’élève un socle qui porte une pyramide triangulaire, trop élevée pour la hauteur totale du tombeau. Cette pyramide est d’un autre morceau que le corps du monument.

Le sépulcre de Zacharie ressemble beaucoup à celui-ci ; il est taillé dans le roc de la même manière, et se termine en une pointe un peu recourbée comme le bonnet phrygien ou comme un monument chinois, Le sépulcre de Josaphat est une grotte dont la porte, d’un assez bon goût, fait le principal ornement. Enfin le sépulcre où se cacha l’apôtre saint Jacques présente sur la vallée de Siloé un portique agréable. Les quatre colonnes qui composent ce portique ne posent point sur le col, mais elles sont placées à une certaine hauteur dans le rocher, ainsi que la colonnade du Louvre sur le premier étage du palais.

La tradition, comme on le voit, assigne des noms à ces tombeaux. Arculfe, dans Adamannus ( De Locis Sanctis, lib. I, cap. X), Vilalpandus ( Antiquae Jerusalem Descriptio), Adrichomius ( Sententia de loco sepulcri