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Je dînai à deux heures, et je sortis à trois avec ma petite troupe accoutumée. Je visitai les sépulcres des rois ; de là, faisant à pied le tour de la ville, je m’arrêtai aux tombeaux d’Absalon, de Josaphat et de Zacharie dans la vallée de Josaphat. J’ai dit que les sépulcres des rois étaient en dehors de la porte d’Ephraïm, vers le nord, à trois ou quatre portées de fusil de la grotte de Jérémie. Parlons des monuments de Jérusalem.

J’en distingue de six espèces :

1° Les monuments purement hébreux, 2° les monuments grecs et romains du temps des païens, 3° les monuments grecs et romains sous le christianisme, 4° les monuments arabes ou moresques, 5° les monuments gothiques sous les rois français, 6° les monuments turcs.

Venons aux premiers.

On ne voit plus aucune trace de ceux-ci à Jérusalem, si ce n’est à la piscine Probatique : car je mets les sépulcres des rois et les tombeaux d’Absalon, de Josaphat et de Zacharie au nombre des monuments grecs et romains exécutés par les Juifs.

Il est difficile de se faire une idée nette du premier et même du second temple d’après ce qu’en dit l’écriture et d’après la description de Josèphe ; mais on entrevoit deux choses : les Juifs avaient le goût du sombre et du grand dans leurs édifices, comme les Egyptiens ; ils aimaient les petits détails et les ornements recherchés, soit dans les gravures des pierres, soit dans les ornements en bois, en bronze ou en or 37. .

Le temple de Salomon ayant été détruit par les Syriens, le second temple, rebâti par Hérode l’Ascalonite, rentra dans l’ordre de ces ouvrages moitié juifs moitié grecs dont je vais bientôt parler.

Il ne nous reste donc rien de l’architecture primitive des Juifs à Jérusalem, hors la piscine Probatique. On la voit encore près de la porte Saint-Etienne, et elle bornait le temple au septentrion. C’est un réservoir long de cent cinquante pieds et large de quarante. L’excavation de ce réservoir est soutenue par des murs, et ces murs sont ainsi composés : un lit de grosses pierres jointes ensemble par des crampons de fer ; une maçonnerie mêlée appliquée sur ces grosses pierres ; une couche de cailloutage collée sur cette maçonnerie ; un enduit répandu sur ce cailloutage. Les quatre lits sont perpendiculaires au sol, et non pas horizontaux : l’enduit était du côté de l’eau, et les grosses pierres s’appuyaient et s’appuient encore contre la terre.