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ne fut plus complètement épuisé. Dois-je omettre le tableau de ces lieux sacrés ? Mais ne sera-ce pas enlever la partie la plus essentielle de mon voyage et en faire disparaître ce qui en est et la fin et le but ? Après avoir balancé longtemps, je me suis déterminé à décrire les principales stations de Jérusalem, par les considérations suivantes :

  1. Personne ne lit aujourd’hui les anciens pèlerinages à Jérusalem ; et ce qui est très usé paraîtra vraisemblablement tout neuf à la plupart des lecteurs ;
  2. L’église du Saint-Sépulcre n’existe plus ; elle a été incendiée de fond en comble depuis mon retour de Judée ; je suis, pour ainsi dire, le dernier voyageur qui l’ait vue, et j’en serai par cette raison même le dernier historien.

Mais comme je n’ai point la prétention de refaire un tableau déjà très bien fait, je profiterai des travaux de mes devanciers, prenant soin seulement de les éclaircir par des observations.

Parmi ces travaux, j’aurais choisi de préférence ceux des voyageurs protestants, à cause de l’esprit du siècle : nous sommes toujours prêts à rejeter aujourd’hui ce que nous croyons sortir d’une source trop religieuse. Malheureusement je n’ai rien trouvé de satisfaisant sur le Saint-Sépulcre dans Pococke, Shaw, Maundrell, Hasselquist et quelques autres.

Les savants et les voyageurs qui ont écrit en latin touchant les antiquités de Jérusalem, tels que Adamannus, Bède, Brocard, Willibaldus, Breydenbach, Sanut, Ludolphe, Reland 1. , Andrichomius, Quaresmius, Baumgarten, Fureri, Bochart, Arias Montaous, Reuwich, Hese, Cotovic 2. , m’obligeraient à des traductions qui, en dernier résultat, n’apprendraient rien de nouveau au lecteur 3. . Je m’en suis donc tenu aux voyageurs français 4.  ; et parmi ces derniers j’ai préféré la description du Saint-Sépulcre par Deshayes ; voici pourquoi :