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Sion. Nous l’apercevons mieux encore dans la Vie des Solitaires, par le même auteur. Saint Pierre, anachorète, accomplit le voyage sacré178. Théodoret179 passa lui-même en Palestine, où il contempla avec étonnement les ruines du Temple180. Les deux pèlerinages de l’impératrice Eudoxie, femme de Théodose le jeune, sont de ce siècle. Elle fit bâtir des monastères à Jérusalem, et y finit ses jours181 dans la retraite182.

Le commencement du VIe siècle nous fournit l’ Itinéraire d’Antonin de Plaisance ; il décrit toutes les stations, comme saint Jérôme. Je remarque dans ce Voyage un cimetière des Pèlerins à la porte de Jérusalem, ce qui indique assez l’affluence de ces pieux Voyageurs. L’auteur trouva la Palestine couverte d’églises et de monastères. Il dit que le Saint-Sépulcre était orné de pierreries, de joyaux, de couronnes d’or, de bracelets et de colliers183.

Le premier historien de notre monarchie, Grégoire de Tours184, nous parle aussi dans ce siècle des pèlerinages à Jérusalem. Un de ses diacres était allé en Terre Sainte, et, avec quatre autres voyageurs, ce diacre avait vu une étoile miraculeuse à Bethléem185. Il y avait alors à Jérusalem, selon le même historien, un grand monastère où l’on recevait les voyageurs186 : c’est sans doute ce même hospice que Brocard retrouva deux cents ans après.

Ce fut encore dans ce même siècle que Justinien187 éleva l’évêque de Jérusalem à la dignité patriarcale. L’empereur renvoya au Saint-Sépulcre les vases sacrés que Titus avait enlevés du Temple. Ces vases, tombés en 455 dans les mains de Genseric, furent retrouvés188 à Carthage par Bélisaire189.

Cosroès prit Jérusalem en 643 ; Héraclius rapporta190 au tombeau de Jésus-Christ la vraie Croix, que le roi des Perses avait enlevée. Vingt-un ans après191, Omar s’empara de la cité sainte, qui demeura sous le joug des Sarrasins jusqu’au temps de Godefroy