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Les moins défectueux, dit-il, sont entre les mains de M. Saint-Challier, secrétaire de l’ambassade de France en Piémont. "

Nous voici arrivés à une autre époque de l’histoire de la ville d’Athènes. Les voyageurs que nous avons cités jusqu’à présent avaient vu dans toute leur intégrité quelques-uns des plus beaux monuments de Périclès : Pococke, Chandler, Leroi, n’en ont plus admiré que les ruines. En 1687, tandis que Louis XIV faisait élever la colonnade du Louvre, les Vénitiens renversaient le temple de Minerve. Je parlerai dans l’ Itinéraire de ce déplorable événement, fruit des victoires de Koningsmarck et de Morosini.

Cette même année 1687 vit paraître à Venise la Notizia del Ducato d’Atene, de Pierre Pacifique : mince ouvrage, sans critique et sans recherches.

Le père Coronelli107, dans sa Description géographique de la Morée reconquise par les Vénitiens, a montré du savoir ; mais il n’apprend rien de nouveau, et il ne faudrait pas suivre aveuglément ses citations et ses cartes. Les petits faits d’armes vantés par Coronelli font un contraste assez piquant avec les lieux célèbres qui en sont le théâtre. Cependant, on remarque parmi les héros de cette conquête un prince de Turenne qui combattit près de Pylos, dit Coronelli, avec cette bravoure naturelle à tous ceux de sa maison. Coronelli confond Sparte avec Misitra.

L’ Atene Antica de Fanelli prend l’histoire d’Athènes à son origine, et la mène jusqu’à l’époque où l’auteur écrivait son ouvrage. Cet ouvrage est peu de chose considéré sous le rapport des antiquités ; mais on y trouve des détails curieux sur le siège d’Athènes par les Vénitiens, en 1687, et un plan de cette ville dont Chandler paraît avoir fait usage.

Paul Lucas108 jouit d’une assez grande renommée parmi les voyageurs, et je m’en étonne. Ce n’est pas qu’il n’amuse par ses fables : les combats qu’il rend lui tout seul contre cinquante voleurs, les grands ossements qu’il rencontre à chaque pas, les villes de géants qu’il découvre, les trois ou quatre mille pyramides qu’il trouve sur un grand chemin, et que personne n’avait jamais vues, sont des contes divertissants ; mais du reste il estropie toutes les inscriptions qu’il rapporte ; ses plagiats sont continuels,