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On voit, par Sidoine Apollinaire, par Grégoire de Tours, par l’Épitomé de l’histoire des Francs, attribué à Frédegaire, par les Antiquités de Montfaucon, qu’il y a eu plusieurs Pharamond, plusieurs Clodion, plusieurs Mérovée. Les rois francs dont j’ai parlé ne seront donc pas, si l’on veut, ceux que nous connaissons sous ces noms, mais d’autres rois, leurs ancêtres.

J’ai placé la scène à Rome, et non pas à Nicomédie, séjour habituel de Dioclétien. Un lecteur moderne ne se représente guère un empereur romain autre part qu’à Rome. Il y a des choses que l’imagination ne peut séparer. Racine a observé avec raison, dans la préface d’Andromaque, qu’on ne saurait donner un fils étranger à la veuve d’Hector. Au reste, l’exemple de Virgile, de Fénelon et de Voltaire, me servira d’excuse et d’autorité auprès de ceux qui blâmeraient ces anachronismes.

On m’avait engagé à mettre des notes à mon ouvrage : peu de livres en effet en seraient plus susceptibles. J’ai trouvé dans les auteurs que j’ai consultés des choses généralement inconnues, et dont j’ai fait mon profit. Le lecteur qui ignore les sources pourrait prendre ces choses extraordinaires pour des visions de l’auteur : c’est ce qui est déjà arrivé au sujet d’Atala.

Voici quelques exemples de ces faits singuliers.

En ouvrant le sixième livre des Martyrs, on lit :

" La France est une contrée sauvage et couverte de forêts, qui commence au delà du Rhin, etc. "

Je m’appuie ici de l’autorité de saint Jérôme dans la Vie de saint Hilarion. J’ai de plus la carte de Peutinger [Peutingeriana Tabula itineraria. Vienne, 1753, in-fol. (N.d.A.)], et je crois même qu’Ammien Marcellin donne le nom de France au pays des Francs.

Je fais mourir les deux Décius en combattant contre les Francs : ce n’est pas l’opinion commune, mais je suis la Chronique d’Alexandrie [Chronicon Paschale. Parisiis, 1688, in-fol. (N.d.A.)]. "

Dans un autre endroit, je parle du port de Nîmes. J’adopte alors pour un moment l’opinion de ceux qui croient que la Tour-Magne était un phare.

Pour le cercueil d’Alexandre, on peut consulter Quinte-Curce, Strabon, Diodore de Sicile, etc. La couleur des yeux des Francs, la peinture verte dont les Lombards couvraient leurs joues, sont des faits puisés dans les lettres et dans les poésies de Sidoine.

Pour la description des fêtes romaines, les prostitutions publiques, le luxe de l’amphithéâtre, les cinq cents lions, l’eau safranée, etc., on peut lire Cicéron,