:Mais d’âge en âge en gardant leurs troupeaux,
Des bergers attendris feront ma courte histoire :
« Notre amî, diront-ils, naquit sous ce berceau ;
Il commença sa vie à l’ombre de ces chênes ;
Il la passa couché près de cette eau,
Et sous les fleurs sa tombe est dans ces plaines[1]. »
X.
LES ADIEUX.
Le temps m’appelle : il faut finir ces vers.
À ce penser défaillit mon courage.
Je vous salue, ô vallons que je perds !
Écoutez-moi : c’est mon dernier hommage.
Loin, loin d’ici, sur la terre égaré,
Je vais traîner une importune vie :
Mais, quelque part que j’habite ignoré.
Ne craignez point qu’un ami vous oublie.
Oui, j’aimerai ce rivage enchanteur,
Ces monts déserts qui remplissoient mon cœur
Et de silence et de mélancolie ;
Surtout ces bois, chers à ma rêverie,
Où je voyois, de buisson en buisson.
Voler sans bruit un couple solitaire.
Dont j’entendois, sous l’orme héréditaire,
Seul, attendri, la dernière chanson.
Simples oiseaux, retiendrez-vous la mienne ?
Parmi ces bois, ah ! qu’il vous en souvienne !
En te quittant je chante tes attraits,
Bord adoré ! De ton maître fidèle
Si les talents égaloient les regrets,
- ↑ Vers imprimés dans l’Almanach des Muses, année 1790, p. 205. Voyez la Préface.