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Trouve, embellit des rives bocagcres,
Des lieux de paix, des îles de bonheur,
Où, transporté par les douces chimères.
Je m’abandonne aux songes de mon cœur.



IX.

L’AMOUR DE LA CAMPAGNE.


Que de ces prés l’émail plaît à mon cœur !
Que de ces bois l’ombrage m’intéresse !
Quand je quittai cette onde enchanteresse,
L’hiver régnoit dans toute sa fureur.

Et cependant mes yeux demandoient ce rivage ;
Et cependant d’ennuis, de chagrins dévoré.
Au milieu des palais, d’hommes froids entouré,
Je regrettois partout mes amis du village.
Mais le printemps me rend mes champs et mes beaux jours.
Vous m’allez voir encore, ô verdoyantes plaines !
Assis nonchalamment auprès de vos fontaines,
Un Tibulle à la main, me nourrissant d’amours.
Fleuve de ces vallons, là, suivant tes détours,
J’irai seul et content gravir ce mont paisible
Souvent tu me verras, inquiet et sensible,
Arrêté sur tes bords en regardant ton cours.

J’y veux terminer ma carrière ;
Rentré dans la nuit des tombeaux,
Mon ombre, encor tranquille et solitaire,
Dans les forêts cherchera le repos.
Au séjour des grandeurs mon nom mourra sans gloire,
Mais il vivra longtemps sous les toits de roseaux,