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terre sterile et ingrate : (…). L’ingrat ne faict tort qu’ à soy : le bienfaict pour cela n’est pas perdu ; c’est une chose consacrée, qui ne peust estre violée ny estraincte par le vice d’autruy. Et pource qu’un autre est meschant, ne faut pas laisser d’estre bon et de continuer son office : mais, qui plus est, l’œuvre du noble cœur et genereux est, en continuant à bien faire, rompre et vaincre la malice et ingratitude d’autruy, et le remettre en santé : (…). Sans troubler ou importuner le recepvant en sa jouyssance, comme font ceux qui, ayant donné une dignité ou charge à quelqu’un, veulent encore après l’exercer ; ou bien luy procurer un bien, pour puis en tirer tout ce qui leur plaira. Celuy qui a receu ce bien ne le doibt endurer, et pour ce n’est poinct ingrat ; et le bienfacteur efface son bienfaict et cancelle l’obligation.