Page:Charrière - Trois femmes, 1798.djvu/291

Cette page a été validée par deux contributeurs.
281

tée, et je lui payerai une fois plus d’argent qu’elle n’en demandoit, à condition qu’on appelle Charlotte le garçon baptisé Charles, et vice versâ, les habillant précisément l’un comme l’autre. Ces gens étoient Moraves et se sont lassés du gouvernement des Moraves, mais non de la simplicité et de l’austérité de leurs mœurs ; ils vivent presque seuls. La femme file, coud, tricotte ; le mari laboure et fait des ouvrages de menuiserie. Nous verrons si la vraie Charlotte tricottera, sera fine et gentille, coquette et caressante ; si le vrai Charles prendra le rabot et le hoyau, s’il sera franc, brave, un peu brutal et fort batailleur. Je compte qu’ils pourront vivre jusqu’à l’âge de douze ou quatorze ans sans se douter