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d’attention aux effets nécessaires, immanquables, plus physiques que dépendans de la réflexion, du rapprochement de certains objets. Il me semble qu’on se sent triste dans une vaste forêt, quand même on ne peut y avoir peur. Ces arbres sont si hauts, et quoiqu’ils ayent beaucoup vécu, ils vivront encore tant d’années ! Pour nous, nous ne pouvons atteindre qu’à leurs branches les plus basses ; notre automne, notre hiver va venir, et il ne reviendra point de printems : nous n’avons que quelques instans à vivre. Dans un temple aussi, dans un temple grand et majestueux, l’homme se perd en quelque sorte, et pénétré de son néant, il s’effraie — et s’humilie devant l’invisible Divinité. À la vérité, toute impression de cette espèce s’affoiblit peu à peu.