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taire et Rousseau, à votre avis, ressemblent-ils à des Dieux ? Je comprendrois peut-être qu’un homme qui ne seroit connu que par quelqu’action éclatante, un conquérant tel que Bacchus, apportant à ses sujets le sep et la vigne, parmi ses trophées ; un Hercule, délivrant son pays de tyrans et autres monstres ; je comprendrois, dis-je, comment la reconnoissance et l’admiration pourroient les déifier ; leur vie privée, leurs actions journalières, leurs grandes prétentions, leurs petites querelles, ne viendroient pas, bien connues, bien appréciées, dénoncer l’homme et détruire le Dieu. Mais Rousseau, mais Voltaire, n’ont-ils pas, comme on dit, donné leur mesure à tout le monde ? L’un étoit le plus bel esprit, l’autre le