Mexique et des États-Unis, ramassé, lourd et beaucoup plus gros que lui, ni avec celui de la Cordillère, petit, à plumage noir mat et qui ressemble à un urubus.
Le dindon que venait d’abattre Sulpice, grand, haut sur ses pattes, de formes élégantes, un mâle, étalait un plumage à reflets d’or et d’azur ; la gorge surtout, où se mêlaient harmonieusement le vert d’émeraude, le noir et le bleu, pouvait rivaliser avec les couleurs d’un oiseau-mouche et d’un paon.
« Dieu ! qu’il est beau ! disait François.
— Dieu ! qu’il est lourd ! disait Bénito.
— Sera-t-il bon ? demanda l’enfant.
— Délicieux.
— El pourquoi l’appelle-t-on dinde ?
— Il s’appelait d’abord guanajo, répondit Sulpice, parce qu’on le croyait originaire des îles CGanajas, dans les Antilles ; plus tard on le rencontra partout sur le continent. On l’importa en Europe vers 1524, dit-on ; mais on assure, d’autre part, que le premier dindon mangé en France le fut aux noces de Charles IX en 1570, et son nom lui vint de poule d’Inde et, par contraction ou abréviation, dinde.
« Les Indiens de la Nouvelle-Espagne l’avaient domestiqué, ils l'élevaient dans leurs cours ; il y en avait constamment des milliers dans le palais de Montézuma, qu’on servait à la table du prince et qu’on jetait en pâture aux oiseaux de proie, serpents et animaux féroces de sa ménagerie. »
Nos amis, satisfaits de leur journée, se dirigeaient du côté de la rivière, lorsqu’une troupe de sangliers passa près d’eux ; ils trottinaient à la file indienne, et rien n’eût été plus facile que d’en abattre une paire. François voulait à toute force décharger sur eux son winchester, mais Sulpice s’y opposa résolument ; il savait combien ils sont féroces et qu’ils chargent le plus souvent les hommes à pied. On retint d’Artagnan, qui aurait donné l’alarme, et on laissa tranquilles messieurs du groin.
Une demi-heure plus tard on regagnait le campement sans plus d’aventures.
