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de ses colis, le tout aligné dans un ordre parfait ; mais on laissait chaque animal se refroidir lentement, ses couvertures sur le dos, pour éviter les rhumes ou la morve, qui en est quelquefois la suite.

Frémont voulut que chaque cavalier prît soin de sa monture ; pour Sulpice, qui avait une longue habitude des voyages, la chose allait de soi, et quant à Pancho, il avait pour maître son ami Bénito, qui lui apprit bien vite à se tirer d’affaire. Son cheval, du reste, était tout petit, très doux, et le gentil Morcillo était entre bonnes mains. Il fallait voir avec quelle sollicitude l’enfant frictionnait son cheval, le bichonnait, l’embrassait, le comblant en outre de friandises. Éléonore était naturellement exempte de la corvée et c’était encore Bénito qui s’occupait, de la Golondrina.

Le déchargement terminé, on amarrait les mules aux arbres d’alentour, puis, les Indiens, armés de leurs machétés, procédaient au nettoiement de la place pendant que d’autres allaient à la provision de bois mort pour l’entretien des feux. Arbustes et broussailles ayant disparu, on installait en un tour de main la tente pour Éléonore et sa nourrice, un ajoupa de feuilles de palmier pour Frémont, François et Sulpice ; on dressait les moustiquaires ; Yan s’occupait de sa cuisine, et une escouade d’Indiens s’en allait sous la direction de Panfilo à la recherche du ramon. C’était une scène des plus mouvementées, qui transportait François d’une joie intense, et il fallait voir comme l’enfant s’empressait de l’un à l’autre, tantôt près de son cheval pour lui donner une poignée d’herbe, tantôt près de sa sœur pour l’aider dans les détails de son installation, courant auprès de Yan pour activer son feu, et suivant les arrieros conduisant les bêtes à l’aguada.

Entre temps, Bénito avait déballé l’appareil photographique, et, profitant de l’instant où le campement était des plus animés, François en prit des vues diverses où son père et sa sœur occupaient le premier rang.

Cependant on entendait au loin retentir les coups de hache ; c’étaient les coupeurs de bois attaquant le tronc des ramons ; car