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306 LE SIÈCLE

Les siècles, il est vrai, sont entr’eux différents,
Il en fut d’éclairés, il en fut d’ignorants ;
Mais si le règne heureux d’un excellent monarque
Fut toujours de leur prix et la cause et la marque,
Quel siècle pour ses rois, des hommes révéré,
Au siècle de Louis peut être préféré ?
De Louis, qu’environne une gloire immortelle,
De Louis, des grands rois le plus parfait modèle ?


Le ciel en le formant épuisa ses trésors,
Et le combla des dons de l’esprit et du corps ;
Par l’ordre des destins, la victoire, asservie
À suivre tous les pas de son illustre vie,
Animant les efforts de ses vaillants guerriers,
Dès qu’il régna sur nous le couvrit de lauriers ;
Mais lorsqu’il entreprit de mouvoir par lui-même
Les pénibles ressorts de la grandeur suprême,
De quelle majesté, de quel nouvel éclat,
Ne vit-on pas briller la face de l’état ?
La pureté des lois partout est rétablie,
Des funestes duels la rage est abolie ;
Sa valeur en tous lieux soutient ses alliés,
Sous elle, les ingrats tombent humiliés,
Et l’on voit tout à coup les fiers peuples de l’Èbre,
Du rang qu’il tient sur eux rendre un aveu célèbre.
Son bras, se signalant par cent divers exploits,
Des places qu’il attaque en prend quatre à la fois ;
Aussi loin qu’il le veut il étend ses frontières ;
En dix jours, il soumet des provinces entières ;
Son armée, à ses yeux, passe un fleuve profond,
Que César ne passa qu’avec l’aide d’un pont.
De trois vastes états les haines déclarées