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Au lieu de deux enfants enveloppent deux nains ;
Si le fameux Hercule a diverses parties,
Par des muscles trop forts un peu trop ressenties ;
Quoique tous les savants, de l’antique entêtés,
Érigent ces défauts en de grandes beautés,
Doivent-ils nous forcer à ne voir rien de rare,
Aux chefs-d’œuvre nouveaux dont Versailles se pare,
Que tout homme éclairé qui n’en croit que ses yeux,
Ne trouve pas moins beaux pour n’être pas si vieux ?
Qui se font admirer, et semblent pleins de vie,
Tout exposés qu’ils sont aux regards de l’envie.
Mais que n’en diront point les siècles éloignés,
Lorsqu’il leur manquera quelque bras, quelque nez ?
Ces ouvrages divins où tout est admirable,
Sont du temps de Louis, ce prince incomparable,
Diront les curieux. Cet auguste Apollon
Sort de la sage main du fameux Girardon ;
Ces chevaux du soleil, qui marchent, qui bondissent,
Et, qu’au rapport des yeux, on croirait qu’ils hennissent,
Sont l’ouvrage immortel des deux frères Gaspards ;
Et cet aimable Acis, qui charme vos regards,
Où tout est naturel autant qu’il est artiste,
Naquit sous le ciseau du gracieux Baptiste.
Cette jeune Diane, où l’œil, à tout moment,
De son geste léger croit voir le mouvement,
Qui, placée à son gré le long de ces bocages,
Semble vouloir sans cesse entrer sous leurs feuillages,
Se doit à l’ouvrier, dont la savante main,
Sous les traits animés d’un colosse d’airain,
Secondant d’Aubusson, dans l’ardeur de son zèle,
Du héros immortel fit l’image immortelle.