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L’œil voit croitre sous lui mille objets curieux
II voit, lorsqu’en un point sa force est réunie,
De l’atome au néant la distance infinie ;
Il entre dans le sein des moindres petits corps,
De la sage nature il y voit les ressorts,
Et portant ses regards jusqu’en son sanctuaire,
Admire avec quel art en secret elle opère.


L’homme, de mille erreurs autrefois prévenu,
Et malgré son savoir, à soi-même inconnu,
Ignorait en repos jusqu’aux routes certaines,
Du Méandre vivant qui coule dans ses veines.
Des utiles vaisseaux, où de ses aliments
Se font, pour le nourrir, les heureux changements
Il ignorait encor la structure et l’usage,
Et de son propre corps le divin assemblage.
Non, non, sur la grandeur des miracles divers,
Dont le Souverain Maitre a rempli l’univers,
La docte antiquité, dans toute sa durée,
À l’égal de nos jours ne fut point éclairée.


Mais, si pour la nature elle eut de vains auteurs,
Je la vois s’applaudir de ses grands orateurs,
Je vois les Cicérons, je vois les Démosthènes,
Ornements éternels et de Rome et d’Athènes,
Dont le foudre éloquent me fait déjà trembler,
Et qui, de leurs grands noms, viennent nous accabler.
Qu’ils viennent, je le veux ; mais que sans avantage
Entre les combattants le terrain se partage ;
Que, dans notre barreau, l’on les voie occupés
À