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Surtout que ta main prenne un pinceau de lumière
Pour tracer dignement sa victoire dernière,
Où, le cœur averti par la secrète voix
De cet ange qui veille au bonheur des Français,
Il quitta tout à coup sa conquête nouvelle,
Et courant sans relâche où la gloire l’appelle,
II suit les ennemis qui chargeaient nos soldais,
Lassés et dépourvus du secours de son bras.


La terreur de son nom, qui devance ses armes,
Épandit dans les rangs de si vives alarmes,
Qu’arrivant sur les lieux, il trouva nos guerriers
Qui tous, à pleines mains, moissonnaient des lauriers.
Ces lions, à sa vue, animant leur courage,
Firent des ennemis un si cruel carnage,
Qu’il connut que son nom, prévenant son grand cœur,
Dérobait à son bras le titre de vainqueur,
Et qu’enfin la victoire attendait toute prête
Qu’il parût à ses yeux pour couronner sa tête.
Ainsi, quand au matin, les ombres de la nuit
Combattent les rayons du premier jour qui luit,
À peine, en arrivant, la belle avant-courrière
Annonce le retour du dieu de la lumière,
Qu’on voit de toutes parts les ombres trébucher,
Où, derrière les monts, s’enfuir et se cacher.


Cependant, cher Le Brun, sais-tu que cette gloire
Dont tu le vois paré des mains de la victoire,
Qui ternit la splendeur des autres demi-dieux,
Qui, de son vif éclat, éblouit tous les yeux,
Et fait qu’en le voyant l’âme presque l’adore ;
Sais-tu que cet éclat n’est encor que l’aurore