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Admire leurs couleurs, leurs ombres et leurs jours ;
Puis, regardant la nymphe, il lui tint ce discours
Beauté de l’univers, honneur de la nature,
Charme innocent des yeux, trop aimable Peinture,
Rien ne peut égaler l’excellence des traits
Dont brillent à l’envi ces chefs-d’œuvre parfaits ;
Mais puisque l’avenir, en ses replis plus sombres,
N’a rien dont mes regards ne pénètrent les ombres,
Je veux vous révéler les succès éclatants,
Qu’aura votre bel art dans la suite des temps,
Quand aux simples mortels, l’Amour, par sa puissance,
En aura découvert la première science.
La Grèce ingénieuse, à qui les dieux amis,
De l’âme et de l’esprit tous les dons ont promis,
Entre les régions doit être la première
Sur qui de tous les arts s’épandra la lumière.
Chez elle, les mortels savants et curieux
Marqueront les premiers les mouvements des cieux,
Les premiers verront clair dans cette nuit obscure
Dont se cache aux mortels la secrète nature.
Le Méandre étonné, sur ses tortueux bords,
De la première lyre entendra les accords.
Votre art en même temps, pour comble de sa gloire,
Fera mille tableaux, d’éternelle mémoire ;
Avec un soin égal, les fruits représentés,
Par les oiseaux déçus se verront becquetés,
Et là, d’un voile peint avec un art extrême,
L’image trompera les yeux du trompeur même.
D’un maitre renommé, le chef-d’œuvre charmant,
De sa ville éteindra l’affreux embrasement.
D’un autre plus fameux, la main prompte et fidèle,
Peindra la Cythérée, et la peindra si belle