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Que ce jeune Guerrier amoureux de la gloire
N’aime à voir cet Hymen, lui qui dans les Tournois
Va sur tous ses Rivaux remporter la victoire ?
Cela n’est pas vrai toutefois.

Qui ne croirait encor qu’en sa juste colère,
Griselidis ne pleure et ne se désespère ?
Elle ne se plaint point, elle consent à tout,
Et rien n’à pu pousser sa patience à bout.

Qui ne croirait enfin que de ma destinée
Rien ne peut égaler la course fortunée,
En voyant les appas de l’objet de mes vœux ?
Cependant si l’Hymen me liait de ses nœuds,
J’en concevrais une douleur profonde,
Et de tous les Princes du Monde
Je serais le plus malheureux.

L’Énigme vous paraît difficile à comprendre ;
Deux mots vont vous la faire entendre,
Et ces deux mots feront évanouir
Tous les malheurs que vous venez d’ouïr.

Sachez, poursuivit-il, que l’aimable Personne
Que vous croyez m’avoir blessé le cœur,
Est ma Fille, et que je la donne
Pour Femme à ce jeune Seigneur
Qui l’aime d’un amour extrême
Et dont il est aimé de même.

Sachez encor que touché vivement
De la patience et du zèle
De l’Épouse sage et fidèle
Que j’ai chassée indignement,
Je la reprends, afin que je répare,
Par tout ce que l’amour peut avoir de plus doux,