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Du Peuple qui se fend le char à peine roule ;
Par les longs cris de joie à tout coup redoublés
Les chevaux émus et troublés
Se cabrent, trépignent, s’élancent,
Et reculent plus qu’ils n’avancent.

Dans le Temple on arrive enfin,
Et là par la chaîne éternelle
D’une promesse solennelle,
Les deux Époux unissent leur destin ;
Ensuite au Palais ils se rendent,
Où mille plaisirs les attendent,
Où la Danse, les Jeux, les Courses, les Tournois,
Répandent l’allégresse en différents endroits ;
Sur le soir le blond Hyménée
De ses chastes douceurs couronna la journée.

Le lendemain, les différents États
De toute la Province
Accourent haranguer la Princesse et le Prince
Par la voix de leurs Magistrats.

De ses Dames environnée,
Griselidis, sans paraître étonnée,
En Princesse les entendit,
En Princesse leur répondit.
Elle fit toute chose avec tant de prudence,
Qu’il sembla que le Ciel eût versé ses trésors
Avec encor plus d’abondance
Sur son âme que sur son corps.
Par son esprit, par ses vives lumières,
Du grand monde aussitôt elle prit les manières,
Et même dès le premier jour.
Des talents, de l’humeur des Dames de sa Cour,