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Mettent tout leur savoir et toute leur adresse
À donner de la grâce à chaque ajustement.

Dans cette Hutte où l’on se presse
Les Dames admirent sans cesse
Avec quel art la Pauvreté
S’y cache sous la Propreté ;
Et cette rustique Cabane,
Que couvre et rafraîchit un spacieux Platane,
Leur semble un séjour enchanté.

Enfin, de ce Réduit sort pompeuse et brillante
La Bergère charmante ;
Ce ne sont qu’applaudissements
Sur sa beauté, sur ses habillements ;
Mais sous cette pompe étrangère
Déjà plus d’une fois le Prince a regretté
Des ornements de la Bergère
L’innocente simplicité.

Sur un grand char d’or et d’ivoire,
La Bergère s’assied pleine de majesté ;
Le Prince y monte avec fierté,
Et ne trouve pas moins de gloire
À se voir comme Amant assis à son côté
Qu’à marcher en triomphe après une victoire ;
La Cour les suit et tous gardent leur rang
Que leur donne leur charge ou l’éclat de leur sang.
La ville dans les champs presque toute sortie
Couvrait les plaines d’alentour
Et du choix du Prince avertie,
Avec impatience attendait son retour.
Il paraît, on le joint. Parmi l’épaisse foule