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Mêlés de diamans, dont la vive lumière
En faisaient autant de rayons ;
Que ses yeux bleus, grands, doux et longs,
Qui, pleins d’une majesté fière,
Ne regardent jamais sans plaire et sans blesser ;
Et que sa taille enfin si menue et si fine,
Qu’avecque les deux mains on eût pu l’embrasser,
Montrèrent leurs appas et leurs grâces divines,
Des dames de la cour et de leurs ornemens
Tombèrent tous les agrémens.
Dans la joie et le bruit de toute l’assemblée,
Le bon roi ne se sentait pas
De voir sa bru posséder tant d’appas :
La reine en était affolée ;
Et le prince, son cher amant,
De cent plaisirs l’ame comblée,
Succombait sous le poids de son ravissement.

Pour l’hymen aussitôt chacun prit ses mesures ;
Le monarque en pria tous les rois d’alentour,
Qui, tout brillans de diverses parures,
Quittèrent leurs états pour être à ce grand jour.
On en vit arriver des climats de l’Aurore,
Montés sur de grands éléphans ;
Il en vint du rivage maure,
Qui, plus noirs et plus laids encore,
Faisaient peur aux petits enfans :
Enfin, de tous les coins du monde
Il en débarque, et la cour en abonde.
Mais nul prince, nul potentat
N’y parut avec tant d’éclat
Que le père de l’épousée,