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et qui venait quelquefois leur acheter des provisions. On alla promptement annoncer au roi cette découverte : il se hâta de se rendre à la solitude indiquée ; il y trouva sa fille, dont l’aspect désarma sa colère. Il la pria de tenir enfin la promesse qu’elle lui avait faite de l’épouser. Gerbern voulut faire des représentations ; mais les gens du roi l’emmenèrent dehors et le tuèrent. Le prince cependant pressait inutilement sa fille ; la trouvant rebelle à ses volontés, il fit bientôt succéder les menaces aux prières sans obtenir davantage. Dipne ne s’ébranla point, et son père furieux lui coupa la tête ; après quoi il s’alla pendre.

Voilà qui finit mal ; et le conte de Perrault est bien plus joli. Mais la légende intéresse. Au reste, on fête sainte Dipne le 15 de mai ; on conservait ses reliques à Cambrai, à Saintes et à Ghèle en Brabant, où le P. Ribadénéira dit que les anges enterrèrent son corps dans un beau tombeau de marbre.

Le conte de Peau-d’Âne n’a pas été mis très-souvent sur la scène. Nous citerons seulement la pièce à grand spectacle de Peau-d’Âne ou l’Île-Bleue et la Mer-Jaune, mélodrame-féerie en trois actes par M. Augustin H., représenté à la Gaîté en 1808. C’est une imitation très-ornée du conte. Peau-d’Âne, chargée de la peau d’Aliboron, se cache dans les campagnes ; le neveu du vice-roi lui fait essayer l’anneau ; elle va être heureuse, quand on s’avise de la prendre pour sorcière : sur quoi la sainte inquisition veut la brûler. Mais la fée des Lilas arrive, sauve Céleste-Peau-d’Âne, dont le père est revenu à la raison ; elle épouse le fils du vice-roi et tout va bien.

Avant de passer aux contes en vers, nous remarquerons qu’on les a omis dans presque toutes les éditions. Celui de Peau-d’Âne était même tout-à-fait perdu, si M. de Paulmi,