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Quelques jours après, cette princesse fut épousée par un ambassadeur, au nom du prince Bel-à-Voir ; et on l’emmena trouver son époux dans un équipage magnifique. On lui fit des entrées de même dans les deux premières villes frontières du roi Moult-Benin ; et dans la troisième elle trouva le prince Bel-à-Voir qui était venu au-devant d’elle par l’ordre de son père. Tout le monde était surpris de voir la tristesse de ce jeune prince aux approches d’un mariage qu’il avait témoigné souhaiter : le roi même lui en faisait la guerre, et l’avait envoyé , malgré lui, au-devant de la princesse.

Quand Bel-à-Voir la rit, il fut frappé de ses charmes, et lui en fit compliment, mais d’une manière si confuse, que les deux cours, qui savaient combien ce prince était spirituel et galant, crurent qu’il en était si vivement touché, qu’à force d’être amoureux, il perdait sa présence d’esprit. Toute la ville retentissait des cris de joie, et l’on n’entendait de tous côtés que des concerts et des feux d’artifice. Enfin, après un souper magnifique, on songea à mener les deux époux dans leur appartement.

Finette, qui se souvenait toujours de la maxime que la fée lui avait renouvelée dans l’esprit, avait son dessein en tête. Cette princesse avait gagné une de ses femmes qui avait la clef du cabinet de l’appartement qu’on lui destinait ; et elle avait donné ordre à cette femme de porter dans ce cabinet de la