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fort en colère contre tous ces gens-là, et je ne doute pas que vous n’y soyez beaucoup aussi ; mais ne vous inquiétez point, ils seront tous traités comme ils le méritent. Il n’y aura que la sage et courageuse Finette qui triomphera.

Quand ce prince perfide eut enfermé Babillarde, il alla dans toutes les chambres du château les unes après les autres ; et, comme il les trouva toutes ouvertes, il conclut qu’une seule, qu’il voyait fermée par-dedans, était assurément celle où s’était retirée Finette. Comme il avait composé une harangue circulaire, il s’en alla débiter à la porte de Finette les mêmes choses qu’il avait dites à ses sœurs. Mais cette princesse, qui n’était pas une dupe comme ses aînées, l’écouta assez long-tems sans lui répondre. Enfin, voyant qu’il était éclairci qu’elle était dans cette chambre, elle lui dit, que s’il était vrai qu’il eût une tendresse aussi forte et aussi sincère pour elle qu’il voulait le lui persuader, elle le priait de descendre dans le jardin, et d’en fermer la porte sur lui ; et qu’après elle lui parlerait tant qu’il voudrait par la fenêtre de sa chambre, qui donnait sur le jardin.

Riche-Cautèle ne voulut point accepter ce parti ; et y, comme la princesse s’opiniâtrait toujours à ne point vouloir ouvrir, ce méchant prince, outré d’impatience, alla quérir une bûche et enfonça la porte. Il trouva Finette armée d’un gros marteau, qu’on