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vent aux fenêtres de leur tour, pour voir du moins ce qui se passait dans la campagne. Un jour, comme Finette était occupée dans sa chambre à quelque joli ouvrage, ses sœurs, qui étaient à la fenêtre, virent au pied de leur tour une pauvre femme vêtue de baillons déchirés, qui leur criait sa misère fort pathétiquement ; elle les priait à mains jointes de la laisser entrer dans leur château, leur représentant qu’elle était une malheureuse étrangère qui savait mille sortes de choses, et quelle leur rendrait service avec la plus exacte fidélité. D’abord les princesses se souvinrent de l’ordre qu’avait donné le roi leur père, de ne laisser entrer personne dans la tour ; mais Nonchalante était si lasse de se servir elle-même, et Babillarde si ennuyée de n’avoir que ses sœurs, à qui parler, que l’envie qu’eut l’une d’être coiffée en détail, et l’empressement qu’eut l’autre d’avoir une personne de plus pour jaser, les engagea à se résoudre de laisser entrer la pauvre étrangère.

« Pensez-vous, dit Babillarde à sa sœur, que la défense du roi s’étende sur des gens comme cette malheureuse ? Je crois que nous la pouvons recevoir sans conséquence. — Vous ferez ce qu’il vous plaira, ma sœur, » répondit Nonchalante. Babillarde, qui n’attendait que ce consentement, descendit aussitôt le corbillon ; la pauvre femme se mit dedans, et les princesses la montèrent avec le secours de la poulie.

Quand cette femme fut devant leurs yeux, l’hor-