Page:Charles Perrault - Les Contes des fees, edition Giraud, 1865.djvu/223

Cette page n’a pas encore été corrigée

égorgées.

« Vostre mary, lui dit le Petit Poucet, est en grand danger : car il a esté pris par une troupe de voleurs, qui ont juré de le tuër s’il ne leur donne tout son or et tout son argent. Dans le moment qu’ils luy tenoient le poignard sur la gorge, il m’a aperceu et m’a prié de vous venir avertir de l’estat où il est, et de vous dire de me donner tout ce qu’il a de vaillant, sans en rien retenir, parce qu’autrement ils le tuëront sans misericorde. Comme la chose presse beaucoup, il a voulu que je prisse ses bottes de sept lieuës, que voilà, pour faire diligence, et aussi afin que vous ne croyiez pas que je sois un affronteur. »

La bonne femme, fort effrayée, lui donna aussitost tout ce qu’elle avoit : car cet Ogre ne laissoit pas d’estre fort bon mari, quoiqu’il mangeast les petits enfans. Le Petit Poucet, estant donc chargé de toutes les richesses de l’Ogre, s’en revint au logis de son pere, où il fut receu avec bien de la joye.

Il y a bien des gens qui ne demeurent pas d’accord de cette derniere circonstance, et qui prétendent que le Petit Poucet n’a jamais fait ce vol à l’Ogre ; qu’à la verité il n’avoit pas