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Nul bruit ; pas un oiseau ; ni voix, ni froufrou d’aile,
Mais l’âme entend frémir tant de sources en elle,
Qu’elle n’a pas besoin,
Lorsqu’elle a la puissance et qu’elle a l’étendue,
D’un appel de bouvier, d’une chanson perdue
Qui lui réponde au loin.



Or, déjà, ce n’est plus cette nappe ondoyante
Des blés mûrs où la brise aux pieds légers argenté
La trace de ses pas ;
Il n’est plus de javelle aux naïves jonchées,
Plus de gerbes en rond, dansantes et penchées
Sur le sol chauve ou ras.



Les moissonneurs ont fait le plus gros de l’ouvrage.
Il m’ont dit l’autre soir en rentrant au village :
« On n’est pas mécontent. »
Moi, je vois un désert que hérisse l’éteule,
Et tout là-bas, au bord de la route, une meule
Si petite pourtant !