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jette à l’eau quand des flammes nous mangent, et monta vers Plaisance. La vérole, Berthe et la vérole ! Il connaissait ses ennemis et les regardait face à face comme un homme qui n’a pas peur. Puis il savait combattre, puis il allait dans la vie sans regrets et sans honte, puis il acceptait le hasard tel qu’on le rencontre aux chemins de Paris avec le vol, le crime et les prisons. Mais la vérole, Berthe et la vérole ! Il aurait voulu la prendre et la secouer, les yeux dans les yeux, jusqu’à la mort et jusqu’à la victoire. Il pensait à des drames, à Roger la Honte, à des hurlements et à des défaites. Il se rappela son nom savant : la syphilis. La science implacable et tranchante qui nomme les maux et les connaît, il en eut peur parce qu’elle nous renverse dans les hôpitaux, parce qu’elle nous regarde et nous voit, parce qu’elle plonge dans notre vie ses mots et ses instruments