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des quais parmi les arbres et les livres, avec de grands pas lourds, comme s’il eût voulu marcher sur ses pensées. Il ne regardait rien, pas même les terrassiers et les maçons de la gare d’Orléans, pas même les bateaux-mouches et les remorqueurs. Il marchait avec énergie dans le flot de pensées qui descendait en ses membres ainsi que chez les hommes d’action où les pensées se font gestes. Il fit demi-tour au pont de la Concorde, reprit la ligne des quais, puis enfila la rue Bonaparte pour se diriger vers Plaisance.

Le grand mot sortit, qu’il promenait à grands pas, et, comme un tonnerre, éclata, pendant qu’il marchait, et puis roula, battant sa marche comme un noir tambour. La vérole, Berthe et la vérole ! Il la sentait à ses côtés comme un compagnon rouge et sanglant, comme un hôte incroyable et féroce. Il prit la rue Bonaparte comme on se